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Contraception, question de choix


- paru dans France Catholique du
lundi 17 septembre 2007

La nouvelle campagne gouvernementale de promotion de la contraception affiche l'ambition de faire baisser les statistiques de l'Interruption Volontaire de Grossesse. Louable objectif...


Sur un site Internet, c'est une collection de petites culottes sur un fil à linge. A la té­lévision, ce seront quelques mots suggestifs, sur des images de vêtements qu'on enlève. Cela pour inciter les Fran­çaises à « mieux utiliser la contraception ». Roselyne Ba­chelot a entériné le projet né avant son arrivée au ministère de la Santé.

Dans la ligne de ses prédécesseurs, de gauche comme de droite, elle déplore que l'avortement ne baisse pas, raison officielle des spots publicitaires diffusés depuis le 17 sep­tembre. C'est même l'inquiétante croissance des avortements chez le plus jeunes. A l'instar du professeur Raphaël Nisand, les autorités sanitaires mettent dé­sormais en garde contre cer­­taines conséquences de l'IVG autrefois occultées : « commencer sa vie sexuelle par un avortement, c'est dramatique ».

Slogan retenu : « La meil­leure contraception, c'est celle que l'on choisit. » Un « drôle de rappel » note Florence Deguen dans Aujourd'hui en France considérant que, déjà, la France « détient le record de la diversité des contraceptifs vendus en pharmacie : féminins, masculins, chimiques, mécaniques, chers ou quasi gratuits... ». C'est même dans l'hexagone qu'on constate le record mondial de leur utilisation. Ceux qui pronostiquaient un recours à l'IVG « marginal » avec le développement de la contraception expliquent leur échec par un « paradoxe contra­ceptif français ». Mais ce « tout contraceptif » est jugé obsessionnel par les anti-IVG. Pour le docteur Xavier Mirabel, président de l'Alliance pour les Droits de la Vie, « il a déjà fait la preuve de son échec ». Alors que le préservatif a été présenté comme la parade absolue contre le virus du sida, on sait désormais que les Centres de planification familiale ont reçu de nom­breuses jeunes filles en­ceintes à la suite des fa­meuses « ruptures » du latex. La fiabilité de la pilule contraceptive est également en cause. Non pas technique, mais « pratique » : de nombreux avortements sont consécutifs à l'oubli de sa prise ou à certains rejets passés inaperçus comme au moment d'une gastro­entérite. Les spécialistes estiment à 3 millions annuellement le nombre de ces « accidents de contraception » (relations sexuelles qu'on croyait à tort « protégées ») qui aboutiraient à deux tiers des 220 000 interruptions volon­taires de grossesse. Pour conjurer le sort, on conseille aux femmes de combiner pilule et préservatif. On veut aussi doper les dispositifs intra-utérins. Au­teur de Contraception, mode d'emploi (éd. J'ai lu), l'emblématique docteur Martin Winckler affirme qu' « il existe des stérilets adaptés à des jeunes filles de 16 ans » (Métro 12 novembre) ! Leur caractère anti-nidatoire, donc abortif au sens strict, est occulté. Et logiquement méconnu.

Face à la persistance de nombreuses « grossesses non désirées » la solution miracle prônée est la « contraception d'ur­gence » ou pilule du lendemain. Le Dr Elisabeth Aubeny, présidente de l'Association française pour la contraception, souhaite que chaque femme l'ait en réserve à domicile « au cas où ». Cependant, le fabricant du Norlevo précise qu'il peut, lui-aussi, empêcher la nidation d'un être humain déjà conçu. Et certains s'alarment de l'explosion des ventes d'un produit hautement dosé qui risque d'encourager à l'irresponsabilité sexuelle. Les jeunes générations semblent en tout cas rétives au matraquage hygiéniste. De leur côté, les associations d'aide aux femmes enceintes déplorent « l'intégrisme contraceptif ». Il entretiendrait l'illusion d'un de­voir de maîtrise absolue de la maternité. Voilà pourquoi le recours à l'avortement s'impose de plus en plus lors des inévi­tables « échecs ». On notera au passage que les méthodes naturelles de régulation des naissances, mo­dernes et tout aussi effi­caces, en pra­tique, que la pilule contraceptive, demeurent les grandes oubliées de ce genre de propagande. Ne sont-elles pas conformes au souci d'écologie humaine des nouvelles générations ?

Tugdual DERVILLE

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